vendredi, 18 septembre 2020
 

GBP- Protection des Bovins : Réponse d’ASIDCOM à INTERBEV

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Le 4 novembre 2013, Nous avons publié un article au sujet du Guide de bonnes pratiques pour la protection des Bovins à l’abattoir. Une version intermédiaire disponible en ligne disponible en ligne de ce guide était alors mise en téléchargement libre sur le site internet d’ASIDCOM. Mais, nous avons reçu un courrier de la part de l’Inter-Profession Bétail et Viande (INTERBEV), nous demandant de la retirer de la consultation libre sur notre site !

La Section INTERBEV Bovins a en effet décidé, selon son courrier, « de ne pas diffuser largement une version “non officielle”, qui peut être amenée à évoluer. ». Elle a aussi souligné l’importance du document pour les opérateurs de la filière et a exprimé son souhait pour le respect des procédures de validation avant sa diffusion.

Bien que nous regrettons que ce type de document ne soit pas proposé en consultation public, nous l’avons retiré par respect des souhaits de notre interlocuteur. Par contre, nous avons adressé un courrier [1] afin de revenir sur nos motivations de sa publication. Aussi, nous avons souhaité attirer l’attention d’INTERBEV sur des points précis concernant l’abattage religieux dans le guide en question.

Article d’ASIDCOM publié le 4 Novembre 2013 :

Guide de Bonnes Pratiques pour la protection des bovins à l’abattoir : Quelle définition pour l’abattage rituel ?

Mme Léger (Vétérinaire, ANSES), Mr Hochereau(Sociologue, INRA) et Mr Selmi (Sociologue, INRA) ont souhaité s’entretenir avec ASIDCOM, pour discuter de certains points dans le cadre d’un projet de recherche portant sur le sujet de l’abattage des animaux. L’étude, selon Mme Léger, a pour but de mettre en évidence les différents enjeux, différents points de vue vis à vis de l’abattage des animaux.

Entretien d’ASIDCOM dans le cadre du projet de l’ANSES et L’INRA :

Mme Anaïs Léger travaille à l’Anses en collaboration avec l’INRA dans un projet de recherche concernant la construction collective, la diffusion et la mise en œuvre des guides de bonnes pratiques d’abattage faisant suite au règlement européen 1099/2009 (bien-être des animaux au moment de leur mise à mort). Elle travaille, au sein de ce projet, avec Mr François Hochereau et Mr Adel Selmi (d’origine musulmane), sociologues, et un groupe de copilotage Anses-INRA proche du groupe de travail "bien-être animal" de l’Anses.

Nous avons rencontré Mr Hochereau, le 9 octobre 2013, à Hellemmes (59) lors d’un entretien qui a duré environ trois heures et demi. Nous avons confirmé l’exigence des consommateurs musulmans du respect de leur rite religieux. Aussi nous avons soulevé la nécessité d’avoir :

-  Une définition règlementaire explicite de l’abattage rituel
-  L’importance d’expliciter le rapport entre l’abattage rituel et le terme halal (dépourvu de toute protection juridique en France)

Retour sur le guide de bonnes pratiques :

Le nouveau règlement européen (1099/2009) précise dans son article 13 que :

« Les Etats membres encouragent l’élaboration et la diffusion de guides des bonnes pratiques en vue de faciliter la mise en œuvre du présent règlement. »

Un Guide a été réalisé avec la participation financière de INTERBEV, France AgriMer, ADIV viande performances et l’Institut de l’élevage. On peut consulter sur internet la (Version 2.1 – 18/06/2012) de ce document qui s’intitule « Guide de bonne pratiques : maîtrise de la protection animale des bovins à l’abattoir » ou « GBP Protection animale des bovins à l’abattoir ».

GBP-PA-Bvins-juin-2012-Partie 1

GBP-PA-Bvins-juin-2012-Partie 2

Ils ont participé à la rédaction de ce guide deux coordinateurs de l’Institut de l’élevage, six rédacteurs de l’institut de l’élevage et de ADIV, et plusieurs lecteurs dont des représentants de Charal, Socopa, et d’autres grands groupes de l’industrie de la viande.

L’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) a été saisie le 29 septembre 2012 par la Direction Générale de l’Alimentation (DGAl) d’une demande d’avis relatif à l’évaluation du Guide dans sa deuxième version(Version 2.1 – 18/06/2012). Ainsi un avis et un rapport d’expertise collective étaient émis en juillet 2013.

 [2]

Le cas de l’Abattage Rituel :

Le guide de bonnes pratiques, l’avis de l’ANSES et son rapport mettent en application une nouvelle tendance, mise en place depuis 2009 en France, qui consiste à instaurer une interprétation ambiguë de la règlementation qui vise à modifier la définition commune de l’abattage rituel. Dans ces trois documents, au lieu de parler directement d’abattage rituel, on parle plutôt d’abattage sans étourdissement dans le cadre de l’abattage rituel. On peut lire, par exemple à la page 4 du guide :

« Le guide s’applique au cas des abattages avec étourdissement avant saignée et à ceux réalisés sans étourdissement préalable dans le cadre de l’article 4 Para 4 du règlement n°1099/2009 (cet article concerne l’abattage rituel))

Ainsi, les fiches de suivi dédiées par le guide au cas de l’abattage rituel s’intitulent « (…) abattage sans étourdissement ». L’abattage rituel semble en effet être considéré par ces rapports comme une méthode qui inclue l’utilisation de certaines méthodes d’étourdissement. D’ailleurs, aucune définition de l’abattage rituel n’est proposée dans le Glossaire du guide. Par contre, un nouveau mot technique est introduit pour désigner l’étourdissement après l’abattage rituel. C’est le terme « le soulagement » !

Ceci est contradictoire avec les positions des représentants musulmans et juifs auditionnés par la dernière mission commune d’information du sénat au sujet de l’abattage rituel. De même la contribution écrite d’ASIDCOM montrait bien que l’abattage rituel musulman, celui d’Abraham paix et salut sur lui, exclue l’utilisation de toutes méthodes d’étourdissement. Il s’agit bien d’un abattage religieux.

D’ailleurs, suite aux différents échanges avec les représentants religieux, le rapport de la MCI du Sénat a déduit que l’abattage rituel musulman et juif exclue l’utilisation de l’étourdissement. [3]

Que compte faire le CFCM face à cette évolution dangereuse dans l’interprétation des textes règlementaires ? Le nouveau président du CFCM et recteur de la mosquée de Paris compte il bénir, en toute confidentialité, un nouveau arrête ministériel qui précise les types d’étourdissement prétendument « compatibles » avec l’abattage rituel musulman ?

ASIDCOM a adressé un courrier au ministre Stéphane LE FOLL chargé de l’agriculture lui demandant des précisions concernant la définition de l’abattage rituel dans le règlement Français. Le CFCM a reçu une copie de cette lettre.

PDF - 115.2 ko
Lettre-ASIDCOM au Ministre-Définition de l’Abattage Rituel

crédit photo : [http://www.interbev.fr/wp-content/t...]


[1]

PDF - 109.5 ko
Lettre d’ASIDCOM à INTERBEV - janvier 2014

[2]

PDF - 2.1 Mo
www.anses.fr_sites_default_files_documents_SANT2012sa0231Ra

[3] Extraits du rapport de la MCI du Sénat : (a) L’abattage rituel musulman :

La religion musulmane pose un certain nombre d’interdits alimentaires que doivent respecter les croyants (porc, alcool), parmi lesquels figure la consommation de viande qui n’aurait pas été abattue de manière licite (halal). L’abattage répond donc à des prescriptions particulières :

- L’animal doit être conscient au moment de l’abattage. En tout état de cause, aucune technique d’insensibilisation irréversible ne peut être appliquée à l’animal avant (ou après)* sa mise à mort.

- Cet abattage se pratique en égorgeant l’animal selon une technique particulière, incluant le tranchage de la trachée, l’œsophage, et les deux veines jugulaires intérieure et extérieure. Le geste doit être propre, exécuté d’un seul coup, avec un couteau très tranchant, pour limiter les souffrances de l’animal.

- Le sacrificateur doit être musulman, majeur et en possession de ses facultés mentales. Le sacrificateur doit orienter son visage et la tête de l’animal vers La Mecque. L’article R. 214-75 du code rural et de la pêche maritime prévoit que les sacrificateurs fassent l’objet d’une habilitation par un organisme religieux agréé par l’État. À ce jour, seules trois mosquées en France sont habilitées à délivrer des cartes de sacrificateur : la Grande mosquée de Paris (depuis un arrêté du 15 décembre 1994), la Grande mosquée de Lyon et la mosquée d’Évry (depuis un arrêté du 27 juin 1996).

(a) L’abattage rituel juif ou shehita

La religion juive impose également des interdits alimentaires et encadre strictement les conditions d’abattage des animaux, pour que leur viande soit jugée consommable et reçoive la qualification de casher. Schématiquement, ces conditions sont les suivantes :

- L’animal doit ne pas être étourdi, ce qui le rendrait taref, c’est à dire impropre à la consommation. Il doit être saigné en étant suspendu la tête en bas, afin que la saignée soit parfaite.

- Le sacrificateur ou shohet doit être expérimenté et réviser en permanence les enseignements théoriques de la shehita, qui est la technique de l’abattage rituel juif. Il coupe, au moyen d’un couteau particulier appelé hallaf ou sakin, la trachée, l’œsophage, les carotides et les jugulaires. Il ne doit pas aller jusqu’aux vertèbres cervicales. Les sacrificateurs sont habilités par la Commission Rabbinique Intercommunautaire de Paris.

- De la même manière que la cacheroute (code alimentaire juif) interdit la consommation de certaines viandes, de cheval ou de lapin par exemple, elle prohibe la consommation de certaines parties des animaux : sang, suif, nerf sciatique. L’extraction du nerf sciatique étant trop compliquée pour être encore pratiquée, les parties arrières des animaux, à partir de la 8ème côte, susceptibles d’avoir été en contact avec le nerf sciatique, sont écartées du circuit casher.

En outre, la carcasse doit être vérifiée après l’abattage, pour s’assurer qu’elle ne présente pas d’imperfections. C’est la bediqua, qui s’attache surtout à examiner l’état des poumons. Toute lésion conduit à écarter la carcasse du circuit casher.

 
A propos de ASIDCOM
A propos d’ASIDCOM Créée en 2006 et présidée par Abdelaziz Di-Spigno jusqu’à juin 2011, l’association ASIDCOM est une association de consommateurs musulmans, déclarée ( type loi 1901) le 3 octobre 2006 en Préfecture des Bouches-du-Rhône, puis déclarée le 28 janvier 2013 à la Préfecture du Nord et elle (...)
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